La nuit s’accomplissent les choses Car nécessaire, le monde se recompose A l’aurore s’établissent les conjonctions Sans cesse nouvelles de nos destinations. Spirales du désir et de la connaissance A la hausse d’acier des essences D’ivoire et de corne, vautours et colombes, Tournent en nos âmes et retombent. Mots, comme en un miroir sans tain, S’éteint la métaphore en vain, Ces images de glace que rien ne retient Pas même les feux d’un royal étain. Ne saisir que transparences ! L’insensible fluidité des pensées, Car la matière des objets qui dansent Est aussi fine qu’une droite tracée. Velléités, ô cruels délices ! Virtualités, ô vertigineuses abscisses ! Le meilleur poème, tous l’ont dit Est celui qui n’est point écrit… Vous ! Muses aux chants nostalgiques ! Je dirai alors ces vers utopiques Obscurs, précieux et sincères Où de purs cieux s’insèrent Entre la nuée grise et la page bise La marge précise et l’onde incise. Astres égotiques aux lances de lumière ! Qui nous percent et nous désespèrent ! D’une transcendante et expansive pureté ! Dont la distance fait l’adamantine dureté : Sans Aleph ni Schibboleth Nous préférons le simple alphabet Des ignorantins et des naïfs Orphelins au matin et contemplatifs…