C’est la fin de l’été, période des moissons, Je m’appuie sur le manche de ma vieille faux Et contemple, éreinté, en me tenant le dos, L’étendue de mon champ qui fuit vers l’horizon.
Le soleil m’accable de ses rayons ardents Et, nimbé de sueur, je subis la chaleur Mais dans la douleur que procure ce labeur, Je pense à mon aïeul, je redeviens enfant.
Car mon père avant moi, en un jour similaire S’est tenu à sa faux, et en se redressant Contempla les épis ondulant dans le vent, Appréciant la vision comme un frais courant d’air.
Et moi à ses côtés j’apprenais à aimer Le spectacle apaisant de la vie bucolique, Les troupeaux, les cultures et la douce musique De la faux de mon père qui scindait les blés.
Aujourd’hui, dans mon champ, sur le blond de l’éteule, Je repense à mon père, à ce qui lui plaisait, Et je me dis que par cet amour partagé, Nous travaillons ensemble, et je me sens moins seul.