Abécédaire poétique
A
Afrique : Berceau oublié
Sous un ciel flamboyant, l’aube ouvrit sa danse,
Et l’Afrique en son cœur enfanta l’univers.
La terre, mère immense, en un souffle intense,
Sculptait dans l’argile l’éclat de l’éphémère.
Les vents jouaient aux flûtes des branches ouvertes,
La savane chantait d’un murmure ancien,
Tandis que les grands fauves, par des ombres couvertes,
Traçaient d’un pas secret des chemins sibyllins.
Mais l’Homme, ce passager d’un rêve fragile,
A fendu l’horizon, déchiré le lien,
Oubliant la genèse où brillait l’argile,
Oubliant que son sang respire encor l’ébène.
Dans un monde éclaté, il erre sans retour,
Loin du berceau premier qui lui donna le jour.
L’éclat de l’amitié
Avoir un bon ami, c’est tenir un trésor,
Une flamme fragile au creux de nos détresses,
Un éclat d’horizon dans un ciel sans aurore,
Le murmure apaisant des jours pleins de tendresse.
C’est un phare obstiné dans les nuits de naufrage,
Un refuge secret quand le monde s’égare,
La main qui nous relève au bord du précipice,
Et le rire qui fend les silences complices.
Quand le temps fait son œuvre et délie les chemins,
Il reste cet écho gravé dans la mémoire,
Un fil d’or invisible reliant nos destins.
L’amitié, c’est ce feu qu’aucun vent ne dissipe,
Un serment éternel inscrit dans l’infini,
Un abri invincible au cœur de l’invisible.
Sonnet d’absence
Le manque sourd murmure au creux des nuits fanées,
Fragile est son écho, strident dans le silence,
Les larmes, gouttes d’ombre, effacent leur présence,
Tandis que l’heure usée s’égoutte en jours peinés.
Son ombre, fugitive, au gris des songes danse,
Absente et pourtant là, au cœur des destinées.
Sous le poids du chagrin, les âmes abandonnées
Cherchent en vain la clarté dans l’ombre qui les lance.
Mais le souffle discret éclaire l’obscurci,
Le vent porte un éclat, une étoile lointaine,
Comme un espoir ténu, reflet d’une lumière.
Et l’agneau des regrets, d’un pas encore indécis,
Marche au bord du silence où la douleur s’égrène,
Traçant dans l’inconnu une voie plus légère.
B
Le Soupir de la Bougie
Sous le souffle tremblant de la bougie éteinte,
Une mélodie muette effleure l’âme,
Là où le vent, discret, effleure sans bruit,
Un secret se cache, sous l’ombre du temps.
La cire se fond, fragile comme un adieu,
Ses larmes glissent, secrètes, brûlantes,
Chaque goutte une histoire, effleurant le silence,
Sous l’étreinte du feu, un cœur s’efface.
Autour de moi, la nuit se pose,
S’habillant de mystère et de non-dits,
L’éclat d’un regard, complice de l’oubli,
Laisse le silence dessiner son chemin.
Ô bougie, tu t’éteins dans un dernier souffle,
Mais ton secret éclaire encore l’ombre du désir,
Ta lueur s’épanouit dans la nuit sereine,
Telle une trace, invisible, dans l’éternité.
Boîte crânienne
Boîte crânienne, abysse de mystère,
Qui cache l’univers dans un frêle écrin,
Tu portes la clarté, l’ombre et le destin,
Éclats de rêve et chaos éphémère.
Sous ton dôme d’ivoire, en cage austère,
Tournoient des souvenirs et des desseins,
Des éclairs de génie, des espoirs incertains,
Un monde bouillonnant dans sa sphère.
Mais que reste-t-il quand l’os devient silence,
Quand la boîte se vide, perd sa danse,
Quand l’âme s’efface et fuit le carcan ?
Boîte crânienne, tombeau de l’éclat,
N’es-tu qu’une prison pour l’esprit en errance,
Ou le sanctuaire d’un souffle éclatant ?
Bretagne
En Bretagne le paysage est toujours onirique,
C’est le contraste permanent dans toute sa grandeur.
Les sentiers serpentent les falaises dans toutes leur splendeur
Aux lumières rasantes la mer ressort ses couleurs féeriques
Le pays est rebelle; il est gardien des traditions
Ses fées et elfs veillent au grain sur Broceliande
Les enfants naissent dans les fleurs de légende
Ils deviennent des dieux aussitôt leur création
Entre ciel et mer les mots volent et planent
Au gré des marées et des vents sur le sable
Pour écrire des poèmes que la lune stable
En gravures sur les rochers avant qu’ils fanent
C
La Calligraphie Coufique
Dans les dunes, un sillage se trace,
Un kalam s’élance, signe de grâce,
L’encre danse, dessinant des traces,
De formes façonnées sans aucune menace.
Le calligraphe, en mer d’encre, manœuvre,
Tel un marin, guidant son œuvre,
Ses idéogrammes glissent sur le fil,
Traçant des mots comme des îles d’argile.
Un art pour apaiser l’âme et l’esprit,
Le Koufi, messager des sages,
Porte la paix à travers le temps,
Éclairant chaque pas d’un doux passage.
Ému, l’artiste verse sa larme fine,
Marque le papier d’une trace divine,
Entre les lignes, des tatouages secrets,
Sous la plume, un code entrelacé.
Création
L’artiste entreprend son chemin vers l’atelier,
Dans les recoins secrets de son esprit brumeux,
Où la brise l’emmène, au vent de ses semelles,
Grommelle un ouragan d’idées tourbillonnantes.
Dans des chantiers chantants et des formes nouvelles,
Son esprit malmené par le vent capiteux,
Aligne ses mots, ces phrases en dentelles,
Chariant des sons aigus, vagues déferlantes.
Le ciel et les arbres, les phrases sont en bleues,
Repêchées du tourment d’un imminent naufrage,
Et, pour tout un chacun, le monde est grand ouvert,
Les perles de ses mots forment un long collier.
Avec de gais accents, des fêtes en paroles,
Le chef-d’œuvre épuré d’inutile verbiage,
Des animaux joyeux et des fleurs en corolles,
Puis mis à sécher sur les lignes du cahier.
Dans le monde du poète, tout est en accord,
Quand naît le scénario dans un clair atelier,
Les perles de ses mots forment un long collier,
Sera de la gésine un vibrant témoignage.
Cette version devrait répondre à vos attentes avec plus de cohérence et de fluidité.
D
Douleur
Fais-moi place dans ton cœur,
Laisse-moi m’y glisser, douce comme la brise,
À la quête du bonheur qui dort dans l’ombre.
Mais ici, à Gaza, le bonheur n’est qu’un mirage,
Sous les cendres des maisons et le cri des étoiles,
Il s’éteint, étouffé par le grondement des bombes.
Je veux être ton jardin secret,
Un espace où les rires résonnent comme des chansons.
Mais comment rêver d’un jardin
Quand le sol tremble sous mes pieds d’enfant ?
À Gaza, même les fleurs portent des cicatrices,
Et la rosée est faite de larmes d’orphelins.
L’amour nous a unis comme le vent et la mer,
Mais ici, l’amour s’enfuit, traqué par la peur.
À chaque nuit, mon cœur se brise,
Cherchant une étoile dans un ciel embrasé.
L’espoir, fragile, vacille comme une flamme,
Mais résiste, car c’est tout ce qu’il nous reste.
Quand le cœur souffre et l’âme s’étiole,
On oublie les ombres pour survivre au jour.
Mais comment oublier les ruines de mon école ?
Les rires étouffés, les visages effacés ?
Nos cœurs, ici, battent malgré les blessures,
Car chaque battement est une résistance,
Un refus de se plier à la nuit.
Mon regard s’égare dans tes promesses,
Espérant y voir un refuge, une lumière.
Mais Gaza nous apprend que même les silences,
Ne sont pas doux, mais lourds de désespoir.
Un cœur fatigué, peut-il encore battre
Quand chaque battement est un écho de douleur ?
À Gaza, les enfants rêvent d’un ciel paisible,
D’un demain où leurs rires ne seront plus des souvenirs.
Fais-nous place dans ton cœur,
Et ne détourne pas ton regard,
Car notre douleur est un cri à l’univers,
Un appel à l’humanité perdue.
F
Fleurs : dites le avec des fleurs
J’ai dans le cœur
Une épine douleur
Au parfum d’aube fine.
J’ai dans le corps
Une épine remords,
Piqûre douce d’églantine.
J’ai dans la tête
Une épine secrète
Au soupir tendre de glycine.
J’ai dans mon âme
Un bouquet de larmes
Aux étamines câlines.
J’ai pour toi tant d’amour
En vain et sans retour,
Ma rose, fanée, décline.
J’ai sur mes mains meurtries
Les brûlures des orties,
Vestiges d’un feu qu’on devine.
Et dans ce champ de soucis
Arrosé par le destin raccourci,
Ton image creuse ma ravine.
J’ai sur les lèvres rosées
Un désir osé
D’un baiser en comptine.
J’ai ta voix qui résonne,
Un chagrin qui bourdonne
Comme le pavot de morphine.
Quand les jardins se font lourds,
Que laissent les tourments leurs contours,
Mon laurier murmure des pensées sourdes.
Je bouture mes rêves effacés
Dans un pot noir de terre usée,
Semant des graines d’aubergines hâlées.
Pas vraiment la main verte,
Ma vie offerte à l’humus du temps
S’écorche aux ronces et épines du vent.
J’ai dans le sacré cœur
Une énigmatique douleur
Au zeste d’orange citrine.
Quand la nostalgie s’emmêle,
Les souvenirs doucement s’entrelacent
Comme un jus clair de clémentine.
J’ai rêvé des champs de Berkane,
Des chardons d’âne,
Et des herbes aux laits subtils de trypsine.
… Leçons d’une libellule et d’une plume