Portrait
Un baiser ardent, sur ma joue blême,
N’est-ce pas l’ombre d’un jeu funeste,
Qui, dans son éclat, me condamne et m’aime,
Au seuil d’un plaisir que le cœur conteste ?
Est-ce un baiser de mort, un souffle d’amour,
Cet aveu murmuré sur tes lèvres en fièvre,
Qui, tel un poison doux, dans le silence, sourd,
Me libère des chaînes d’une douleur sans trêve ?
Je crains de trahir les souvenirs en fleurs
Si, par un mot tendre, tu ne calmes mes craintes.
Ta pensée, spectre errant dans mes heures,
Parfois m’enivre, parfois me feinte.
Ton image, fugace, résonne, écho cruel,
Quelle illusion farouche obscurcit mes nuits,
Quelle chimère insidieuse me tient en appel
Et rend mes jours d’hiver plus amers et ternis ?
Univers sibérique, illusion idylique,
Près de toi, les frissons, tels des fantômes,
Se déchaînent, un à un, dans leur frénésie tragique,
La faute à ce baiser sage qui à jamais me consume.
Derrière ce baiser enflammé, je traîne,
Un fardeau léger, un poids d’ombres et de peurs,
Engourdi, les yeux clos, face à l’avenir,
Ballotté sur l’océan noir de mes douleurs.
Ta voix… que dire, de ton sourire éclatant,
M’a tiré sans relâche des abîmes du néant,
Pour m’éblouir dans un bourbier de l’ennui,
Où l’amour se transforme en une douce folie.
J’espère que cette version évoque bien le style de Baudelaire tout en conservant l’essence de ton poème.
