Sous les radiances orangées de l'ambre diamantée Mon âme attendrie, scrutant la Lune, paraît aimantée : Un Albatros -en dominateur du ciel- inébranlable Oriente son essor sans bornes, puis, imperturbable S'accorde aux charmes endormeurs du vide étoilé Et s'offre aux vents, épanoui et saintement envoilé
Parce qu'il ne vit que de Liberté et de mouvement Une moitié de lui-même se forge en tempérament Tandis que l'autre : plus paisible et lisse en surface Lestement, trace son parcours et mesure l'espace De ses ailes sûres et fermes, bravant le tonnerre Faisant peu de cas du genre humain et de la terre
Son règne atteint l'inaccessible arcade des Cieux Et, s'il délaisse les plis mouvants des Hauts-Lieux Pour la médiocre horizontalité du monde d'en-bas Là, où la Lumière du jour intérieur ne pénètre pas : Une tristesse endolorissante lui vient, hallucinante Et lui parle à voix basse d'une Vie libre et planante
Idéalement blanc, comme le sont : sel ou écume Dans la double stupeur - du bruit et de la brume Cet Oiseau de grande envergure - ce Titan ailé Que je poursuis du regard, dans le soir constellé Comme s'il m'ouvrait des fenêtres prophétiques Prolongera, jusqu'à l'aube, mes rêveries poétiques.