J'ai gardé, à la commissure de mes lèvres, Le goût exquis de l'archangélique baiser Que tu vins - à l'orée de ce jour - déposer Comme une rare fleur dans un vase de Sèvres
J'ai senti s'élever, dans mon sommeil heureux, Le parfum tropical que tes fins doigts d'ébène Ont, avec un halo d'âme qui se promène, Posé sur ma joue ; j'ai tendu mes bras vers eux
Ce baiser, ce parfum, extases répétées Tournées vers la lumière pure des confins, Semblaient un feu céleste ; de beaux séraphins Prenant pour miroir les étoiles reflétées
Et le dernier rêve de la nuit s'apprêtait, Libre de ses chaînes, à ne plus toucher Terre : Brisant le silence, dans un bruit de tonnerre, Tout contre ton sein, ce matin, mon cœur battait.