Dans des flots houleux et rugissants j'ai repêché mes péchés
Née d'une fuite éperdue vers les entrailles de l'oubli Une vision m'apparaît, comme un murmure affaibli : C'est en naufragé, crispant mes yeux de tous côtés Que j'y puise la sève au beau milieu des légèretés
D'un phare dans la brume, je distingue des lueurs Sur la côte, un fascinant ballet de pures couleurs Qui flamboient et qui servent, pour le moins À des escadrons de Sirènes, de fidèles témoins
Ces mélopées charmeuses, qui jadis captivaient Ont gardé sur moi l'ascendant qu'elles avaient Quoique leurs voix n'aient plus rien d'envoûtant Elles témoignent à jamais d'un charisme inquiétant
En partisan des poètes aux sept Muses martyrisées Lâchant mes stances et mes vieilles lyres brisées Pour assouvir un penchant sans cesse grandissant Je les ai adorées, certes, tout en les maudissant !
Pour vaincre les dangers qui pourraient m'arriver Comme : de chants perfides, me laisser captiver Sans tarder, il me faut au rivage, rallier le refuge Et vite, me mettre à l'abri d'un nouveau Déluge
C'est ici - dans cet antre bleuâtre au large contour Au pied des murailles de cette trop ancienne tour Que le Gardien du Temple, prosterné, ténébreux Tisse la trame d'un destin qui se voulait heureux.