À l'heure où la Lune écarquille les yeux Et noue ses tresses blondes, dans le noir Avec un attrait puissamment mystérieux, Léa, tranquille, s'octroie le repos du soir :
Morphée la serrant au creux de ses bras, Belle âme solitaire mais infiniment aimée Occupe la chambre et voyage tout bas, De soieries court-vêtue et parfumée
Les caresses allègres du voile translucide Blanc et pur, qu'elle garde en s'endormant Et, suivant un rythme chaloupé ou placide, Rendent son sommeil éthéré : charmant
Imperturbablement, elle prend son envol Puis, s'élève au ciel - telle une prière, Brise les fers qui la retiennent au sol Et d'étoile en étoile, va cueillir la lumière
Aussitôt, l'azur de ses yeux contemplatifs, Constellé de joyaux au reflet framboisé Se mêle aux rêves dont les éclats fugitifs Font, en se succédant : un feu apprivoisé
Et c'est tout l'Univers qu'elle enrôle, porté Par des murmures et perdu dans les bruits D'un cœur qu'elle sent pénétré de clarté, Cabriolant - jusqu'en plein mitan des nuits
Car Léa est semblable aux équilibristes, Qui craignent plus l'air ourlé du matin Et la monotonie lente des soleils tristes Que le dernier coup-de-griffe du Destin.