Depuis qu'un messager d'amour, chassé du céleste dôme...
Depuis que, dans la paix immobile des dieux sages, Voltigeant -comme Icare- par-dessus les nuages Cupidon, résigné, perça de ses flèches arrogantes Nos deux cœurs-de-marbre aux veines rugissantes :
Aux longs chuchotements, ont suivi les sanglots Qui rendent si poignant le rythme lent des flots Et, nos larmes en reflets, égarées dans la brume Ondoient sur la vague, sous une voilure d'écume
Notre désir d'aimer -tel un bateau ivre- sombre, D'orages en embellies, quel qu'en soit le nombre Car, la mer et l'amour ont reçu l'amer en partage Puisque l'amour et la mer connaissent le naufrage
Mais, ô combien ce temps révolu, devenu sourd Qui fait de chaque instant qui passe : un cri lourd, Recèle d'obscurs secrets, nés d'intimes trahisons Volés aux romantiques, eux que nous méprisons !
Le -Messager d'Amour- chassé du céleste Dôme, Condamnant nos deux âmes au bonheur-fantôme Aura souillé la page vierge, de ses mots enragés Surinant, de son empreinte, nos cœurs outragés
Parce que l'amour hypocrite et cynique fait éclore Des roses qui fanent et se meurent avant l'aurore, C'est gommant la lassitude qui se lit sur son front Qu'il jouira du mal que ses morsures nous feront.