Je ne suis plus celui qui, chassant ses démons, Respirait sa vie de nomade à pleins poumons ! Ce grand Feu, qu'autrefois j'allumais en rêvant A tué aussi tout ce qu'en moi, il restait de vivant
Dans mon âme en veilleuse - de toute sa pesanteur, Se répercute la macabre et désordonnante lenteur Des longs soirs d'inanité, qui n'ont rien à envier Aux dimanches engourdis du mois de Janvier, Tant s'épaissit et s'attarde : le spleen mortuaire Qui plane sur mon Deuil ennuité et tumultuaire
Venant du cœur et des lumières de ma conscience, Les pleurs torrentueux que je verse en silence Répètent un : Forget-me-not ; Ne m'oublie-pas ! Malhabile entêtement : les larmes ne parlent pas
Ce cœur qui, n'ayant su dompter le frisson-noir Donne de l'Amour - mais sans plus en recevoir, Est celui d'un Veuf en quête de métamorphose Qui dort - tout en ne rêvant plus d'aucune chose, Un somnambule pour qui la nuit n'a pas été belle Et qui - saluant le jour, accourt à la clarté rebelle Sentant au fond de lui, tristement murmurante : La Mort - qu'il confond avec une voix rassurante
Je n'aurai plus jamais que la Nuit sur ma route Puisque, partout où je vais - les ténèbres du doute M'embrument la tête, puis se changent en cascades Comme s'écroule le Ciel : par bruyantes saccades.