Graduellement, le jardin s'apâlit Et s'empare des senteurs florales, Qui nous font comme un ciel-de-lit Tout imprégné de tendresses aurorales
Oublions la nuit, ses chétives lueurs ! Le Soleil se lève, prend son essor Et nous offre, entrouvrant les fleurs : Ses clartés vives, plus dorées que l'or
Laissons donc s'unir et se mélanger Au cristal clair de tes prunelles, Léa, Ces exquises couleurs, venues prolonger Nos frissons ignés - que le soir créa Quoique cette lumière, ô ma Maîtresse, Trouble et déconcerte - nous qui aimons Garder à l'âme et au cœur : l'ivresse Du grand air, respiré à pleins poumons !
Et, puisque pour moi seul Hélios rutile Quand tes yeux embrassent ma bouche, Au risque de paraître un peu futile : Je refuse que, ce soir, il se couche.