C'est en mémoire aimante des clameurs joyeuses Et des allégresses folles parties bien loin Que, souvenance émue d'images merveilleuses Me revient, pour une large part sans témoin
Sans témoin, je mets à nu mon cœur solitaire, Me recueille et toujours : un regard azuré Nitide et pur comme d'une source l'eau claire Se dessine, en écho à ton nom murmuré
Se figurent alors les souvenirs sans nombre De soirs où la lune opalisait son reflet : Je revois Jeunesse et Amour, dans la pénombre Danser, souffle contre souffle, un divin ballet
Et je revois tes yeux, obscur brasier d'étoiles D'où tombaient des clartés, des éclats fascinants Et des flammes, quand la nuit argentait ses voiles, Prêtait son mystère aux tourbillons entraînants
Ô mémoire aimante, sans cesse rajeunie ! Je vous aime aussi ô mes souvenirs qu'un soir, J'ai valsé et chanté ma tendresse infinie Tandis que l'orage fouettait le ciel noir !
Ce soir-là, tes doigts rehaussés d'orfèvreries Berçaient l'archet d'or d'un violon amoureux Et ta musique m’offrait ses cajoleries ; Ô le grand mystère : sous la pluie, être heureux !