Le crépuscule était clair : l'orbe de la lune Festonnait, par endroits, de reflets mordorés Les sapins neigeux et les saules éplorés ; Un grand silence blanc habillait la nuit brune, Sitôt les frimas et le givre évaporés
La grisaille ennemie s’en allait, dissipée ! Et le ciel déroulait pour la terre un tapis ; La plaine, de flocons tout entière jaspée Semblait, sortie d'un muet sommeil et drapée, Porter la lumière à des cygnes assoupis
À lents pas de loup, majestueux et féerique, Un frisson d'extase passait furtivement Et tout l'Univers cadençait son mouvement Au rythme d'un orchestre à peine allégorique
Au tumulte du jour, succédait la douceur : Douceur d'ambre, d'opale et de vieil ivoire Constellée de nacre et de chatoyante moire ; Décembre avait, ce soir-là, une âme et un cœur.