La mer, cinglante ce soir, s'élève en nuée Et, plus que les sabrants embruns ou les courants : La lueur des ors lunaires, diminuée, Fait l'ultime agrément des rivages pleurants
En manteau d'écume, un grand cortège funèbre Accompagne le vent qui mugit dans les airs ; Un sombre flot longe la côte et l'enténèbre Quand l'orage suspend, par degrés, ses éclairs
Fier et droit, cherchant un coin de ciel torpide, Une île tranquille où pouvoir se reposer : Quelque égaré aux cheveux d'eau, un intrépide Marin, s'emploie - de cent façons - à s'apaiser
Rompu au voyage, il sait, noble capitaine, Qu'est blotti aux confins de la Terre, un bon port : Un désert édénien sur une île lointaine Où le Soleil, beauté tranquille, luit plus fort
Rejetée loin, l'ondée que le vent a chassée ! Derrière lui : la Ténèbre, le mauvais œil Et la mort - en lutte avec la vie - repoussée ! Après de longs combats, il vogue ; hors l'écueil
Et plus haut encore que la haute marée, Torse érigé, il joint le Ponant au Levant ; La paix inonde, enfin, son âme libérée ! Seul, il dormira ce soir, d'un sommeil d'enfant.