Minuit, sous la moire enlunée du salon : Encore une nuit équivoque, où se prolonge L'écho - lointainement décru - d'un violon Dans lequel, tout vif, ton souvenir me plonge
Seul et songeur je reste ; puis tu m'apparais Comme voguant sur la musique langoureuse, À l'endroit même où, à moi seul tu murmurais : Ta confusion, tes émois, ton ivresse amoureuse
Clos à demi, mes yeux tombés en pâmoison Te revoient iriser, de ta lumière opaline, Des myriades de lys en pleine floraison À travers le silence et l'extase câline
Est-ce donc vertige ou bien rêve foudroyant ? Ton parfum persiste et jamais ne s'évapore : Je le respire, défaille et m'endors ; croyant Que notre amour, de par nos âmes, vit encore.