La nuit l'emporte, Emma rêve innocemment, Enivrée de vent cotonneux - elle sommeille Dans l'alcôve ouatée où se mêlent intimement : La Lune qui se lève et le firmament qui s'éveille
Des korrigans androgynes parés de diamants Rivent leurs prunelles sur des anges couronnés Portant au front la lumière des soleils dormants Et desserrent leurs longs doigts efféminés Puis, avec les gestes doux qu'ont les orfèvres, Versent des parfums aux corolles des fleurs Et des bulles légères saturées de couleurs Qu'Emma recueille au pourtour de ses lèvres
L'enchantement s'étage sur des vues aériennes De décors irréels et d'aventures cavalières Affranchies des pesanteurs quotidiennes, Chaque fois qu'Emma ferme ses paupières Où dorment quelques souvenirs heureux, Elle cherche une pure et noble étincelle Cachée sous le voile de l'Enfance immortelle Ou dans le cœur d'un poète amoureux.