Indifférente au frisson qu'elle sent crépusculaire Où lambinent les fantômes d'un Amour séculaire, Une oréade - fille d'Ève, civilisée par accoutumance Interprète les signes d'une libertine transhumance
Elle voit venir, du haut de ses vingt ans : la fêlure, L'émotion tourmentée - dissimulée sous la ciselure Des demi-teintes fondues, onduleuses, abandonnées Enchevêtrées à beaucoup d'autres, moins spontanées
Bien qu'il palpite encore, son cœur usé s'engourdit Comme à l'orée d'une forêt que le silence alourdit, Dans l'intarissable sablier qu'est son âme enclose L'amour -que je lui donne- lui paraît peu de chose !
C'est un tourbillon-sans-fin qui a conduit nos pas Vers un précipice fatal, d'où l'on ne remontera pas ! La pente -en douce fureur- s'incline à toute vitesse, Tel est notre sort commun : mourir de tristesse
Mais, à tenter de résister plutôt que de me rendre, Au péril, je m'expose - je commence à comprendre ! Pourquoi donc braver le mal qu'elle peut me faire Et m'offrir à ses colères - imprudent et téméraire ?
Combien de solitudes pesantes devrai-je soulever Avant que, exaltant ma flamme, je puisse la retrouver ? Si, dans un rêve vagabond je m'égare - sans en revenir, Chose imprévue ! D'elle, j'aurai gardé : un bon souvenir.