Ce soir, il m'est donné d'entendre, Dans la torridité apaisée du salon : Le pizzicato prophétiquement tendre De ce qui doit être un air de violon
Les notes - en vol léger - bisent l'air Et s'en viennent saisir, retenir captifs, Pour les imprimer sur toute ma chair : Des frissons, intimement communicatifs
C'est Léa ! Son frôlé délicat disperse, Avec un doigté aucunement austère : Un chapelet d'arpèges, lequel traverse L'espace ; et je déchiffre un mystère
Je la vois enfin, silhouette ébauchée, S'épanouir - comme une fleur étrange Par les Grâces sacramentelles touchée ! Et voici que descend vers moi : un Ange
J'espérais ce moment ! Mon cœur éperdu Qu'une flèche ignée a failli embraser, Se dépérissait d'avoir trop attendu : Elle m'embrasse, je lui rends son baiser.