Je rencontre, à la même heure chaque jour : Un sémillant visage, blond comme la lune, À qui le vent sur l'infranchissable dune Prête son souffle ; ses fredons d'amour
C'est un visage qui, dès le jour commencé : Sourit, prend des couleurs et s'illumine Ou du moins, c'est ainsi que je l'imagine, Enchâssé au galbe de son corps élancé
Et ce sourire distille en moi des choses Si nobles, qu'il me monte ostensiblement À l'âme ; n'empruntant d'autre ornement Que : cascade de perles et diamants roses
Et chaque jour davantage ; insaisissable, Un frisson léger affleure mes cheveux bruns Quand, rêveur éveillé, dans les embruns : Je cherche au hasard ses pas sur le sable
Puis, m'apparaît enfin : la vision brève, Qui parachève l'attente, l'espoir fiévreux Et mes égards naïfs d'éternel amoureux Qui va, sur la plage, poursuivre son rêve !
Je me figure, alors, qu'elle vient s'asseoir Contre moi et : pris d'un trouble bizarre, Mon cœur bat son plein ; l'œil se chamarre Comme quand on aime, sans encore le savoir.