Avec les plumes de l'aile blanche d'un Ange, Je sculptais des stances à la rhétorique étrange Où se faisait voix, toute une gamme de rimes Que l'on jugeait : ni médiocres - ni sublimes
Un brin hermétiques, mes quatrains bien pensés Mêlaient : passion, folie et vertige, condensés Sans les excès maniérés d'une métrique austère Car, dit-on : c'est l'obscurité qui fait le mystère
Puisque, désespérés, les chants sont plus beaux J'ai confié mon spleen solitaire aux corbeaux ! De leur glas rauque et leur ricanement grinceur, Je façonne des vers d'une délectable noirceur Balbutiant au Cœur de qui veut bien l'entendre Que, j'avais choisi l'Amour et la parole tendre
Adieu, donc : violons, mandoline et satinades ! Moi qui voulais mourir en hurlant des sérénades Pour bercer ma Muse qui fièrement se repose, Dédaignant l'invisible opale qui irise ma prose : Mes turbulents désirs résistent, en philosophes, A l'ébauche d'un destin dans quelques strophes.