Sais-tu que les fleurs saignent quand on les cueille ? Lâchement démembrées, elles meurent désespérément Lorsque, d'un caprice pervers, une main les effeuille Et jette au vent la grâce éternelle, impitoyablement !
Ces marguerites, suppliciées par des doigts amoureux : Elles souffrent ! Du fond de leur cœur, elles gémissent Un chant de mort parfumé, silencieusement douloureux, Auquel d'aériens -je t'aime- se mêlent et s'infinissent
Je plains le sort de ces âmes des bois et de la Nature ! C'est au nom d'amours - sans doute - sans lendemains Qu'on mutile leurs fibres intimes, qu'on les torture. Honni soit le geste fatal de ces martyrisantes mains !