Même si la Vie court moins vite que le Temps Qui, sur nos fronts creuse ses premiers sillons, Soumis à toi seule, je vois passer nos printemps Et me laisse aller à d'entraînants tourbillons Où les jours à venir valent ceux qui s'effacent Et, qu'importe l'hiver et son infernal frisson, Parce que nos cœurs - quand ils s'enlacent Ne savent battre qu'en parfaite unisson !
Ce bonheur d'être deux, que l'on s'échange Et qui froisse nos draps avec volupté Lorsque mon ombre à ta lumière se mélange, Ajoute au plaisir tendrement excité Un charme nouveau : c'est la désinvolture De ta Jeunesse - qui déploie son aile dorée, Faisant de ta bouche une exquise nourriture, Et tu t'étonnes encore de te savoir adorée !
Puisque nos yeux sont nos quatre volontés, J'unirai - à jamais - le fatidique Sablier À la moire lunaire de nos rêves enchantés Puis mourrai dans tes bras, faute d'oublier Combien le gazon reverdit sous la pluie ! Les années passent, notre Amour vit toujours Et c'est sur l'épaule du Ciel qu'il s'appuie, Libéré et timide, comme aux premiers jours.