Ma bouche -désormais desséchée- aspire le fiel Et, je déploie inutilement mes angoisses de vivre Que j'empile pesamment, jusqu'aux confins du ciel Comme on porte sa croix : rampant, épuisé et ivre
Cette forme -imprécise et réprimée- qui soupire N'est-elle que : mon ombre qui me donne la main ? Quelle peine j'ai à cacher ma douleur - et sourire, Tant je me sens mortel - et humblement humain !
Si les embrassades me tentent - ça paraît étrange, Une ombre... Jamais, je n'ai reçu autant d'amitié ! Ces femmes-sans-nom, qu'on traîne dans la fange Valent mieux que l'Amour -le vrai- qui fait pitié !
Leurs voix nocturnes, qui me servent de modèles, Enfantées, une nuit, du gouffre silencieux et béant Des malheurs qui se taisent - répétés et fidèles, En longs cortèges d'icônes, remplissent le néant
Je ne reviendrai plus là où chantent avec tristesse : Mes espérances - qui souffrent de tout leur chœur ! Regrets ou pleurs feraient passer pour politesse : L'idée que -bêtement- je me faisais du Bonheur.