Quand, scrutant la rime, s'offrait à mes yeux Le regard farouche de ma Muse intrépide : Recevant ses dons, tout devenait limpide Son souffle inspiré me rendait plus joyeux
Comme à une source où j'ai gaiement puisé : De sa moue facétieuse - la riante fraîcheur, L'action, le trait vif et le verbe accrocheur, Je recueillais : métaphores et style aiguisé
Et, je partais pour un imprédictible voyage Préservant des souillures, mon Immaculée Traçant une route aussi mûrement calculée Que l'effet qui suivait un adroit effeuillage
Décorporalisée - au prix d'un effort constant, Ma Muse apprivoisait l'endormeuse habitude Avec cette taciturne et mystique béatitude Invisible au commun des mortels, pourtant
Toute aussi blanche qu'un cygne - en pureté Elle trônait en Sphinx - Intouchable Reine Quoique, en apparence - candide et sereine Son cœur surpassait la pierre - en dureté !
Ne vivant que pour les étourdissantes fééries De celle qui fut mon Ciel - mon inspiratrice, Sans génie, j'ai offert mon âme en sacrifice Et, pour briller, j'ai brûlé mes idoles chéries.