Ce matin je songe, malgré le Soleil-levant Et le parfum des fleurs fraîchement écloses, Aux années - qui forgent leur dédain du Vivant Et rident les créatures - en patinant les choses
Et, face au miroir en grand-habit de deuil, Mon regard scrute le reflet insaisissable D'une Jeunesse en ruines - restée au seuil À-demi effondré de mon château-de-sable
Panser mes plaies intérieures sans vieillir, Voilà l'angoisse ! Séculaire, obsessionnelle, Elle me taraude - et fait mon visage pâlir Au premier signe que la Vie n'est éternelle
Et, la brève saison du divin Renouveau Pour satisfaire sa perpétuelle voracité, De soucis superflus encombre mon cerveau ! Suis-je, ou ne suis-je pas, déjà ressuscité ?
Avant que la Grande-Inconnue ne s'invite, En moi s'impose une nécessité farouche : Résister au Temps - qui s'écoule trop vite, Ternit, oxyde et noircit tout ce qu'il touche.