Un sentiment de vide -plus large- à combler Et des bizarreries qu'il peine à rassembler, Sur le poète errant - flottent avec insistance Au fur et à mesure que s'allonge la distance Entre lui-même et sa -très boudeuse- muse Qui, sur ses pauvres mots pleure une excuse Pour se dérober à cette nudité assaillante Ou faire mentir une inspiration défaillante
Accablé de solitude, quand ses semblables Mille fois plus tristes et inconsolables Que lui - mais, n'ayant pas sa noblesse, Fuient le sol aride où marche sa faiblesse Et, dans un mutuel abandon, vont toujours Sans remords - propager sur ses jours Les subreptices poisons de l'enivrement, Il vulgarise son art et son désœuvrement
Mais, il se leurre en de vaines manœuvres Flattant sa muse - qui sourit à ses œuvres, Disparaît, puis revient - en simple figurante Confier sa peur de vivre à l'Ombre errante Devant le miroir, prenant comme emblème Sa gaieté fugitive dans un touchant poème, Parce qu'un jour, il fit ce rêve fantaisiste : On l'aimait, l'admirait - il se croyait artiste.