Mon lit se fait havre de paix, ce soir Et le couchant, vainqueur des nuages, Ourdit des rêves propices aux voyages : Porteurs d'horizons et de nonchaloir
Et c'est ainsi chaque soir : un chœur ailé Vêtu de satin et de falbalas vaporeux, Irise mon front de reflets mystérieux Puis, vient le grand périple, constellé
Sans me toucher vraiment, les ombres Qui habitent les murs et s'avoisinent : Me possèdent ; m'enlacent ; me câlinent, Avec leur indolence d'amantes sombres
Ni extravagantes couleurs ; ni bruits ! De ces âmes chantantes, le rayonnement, Lunaire, s'apparie avec le raffinement Qui sied tant aux hôtes de mes nuits
C'est un torrent qui entre et qui sort, Un flot éthéré qui poursuit son cours Et, pendant qu'il trame ses détours : Me tient chaud, me berce et m'endort
Pleinement apaisé, s'en suivra le réveil : De ses doigts d'Or, l'aube chamarrée, En épuisant d'amour ma chair effleurée Lèvera son voile fauve, blond et vermeil.