Plus aigu et tranchant qu'une lame : Ton souvenir - à pas traînants et doux Frappe à la porte close de mon âme Et l'entrebâille ; et me met à genoux
Si je mène à présent une vie incolore Où le Temps paraît s'être immobilisé, Ta voix ultra éthérée me parle encore De nous - dans le silence tranquillisé
Ni tes cheveux, torrent de jais rubané, Ni tes yeux qui perçaient la nuit noire Ô trésor de lumière et d'or filigrané : De toi, rien n'a déserté ma mémoire !
Je les revois, ces moments langoureux Longs et nombreux, le soir, à s'attarder Sur les eaux claires du bonheur amoureux, À cueillir quelques fleurs et bavarder
Et me reviennent les gaîtés sibyllines Que provoquait un pur entrelacement De chair délicate et de lèvres câlines, Que l'extase enjolivait doucement :
C'était comme dans un rêve charmant Où, un chérubin aux prunelles azurées Constellait le clair-de-lune dormant De musique lente et d'étoiles dorées
D'y songer encore, mon cœur en fête Arpège en secret les accords doucereux D'une mélodie poignante, où se répète : Un murmure cadencé de violons heureux.