Je souffre, à décrire l'accablement D'une sœur candide, innocente et pure Qui garde au cœur, inoubliablement, On ne sait quelle ancienne blessure
Le spleen fait en son être un royaume Qui, sitôt la nuit venue : mélancolise Et, dans une enivrante agonie, embaume Ses restes d'amour fini, les alcoolise
Ma sœur, ton culte au seul Amour, parti Des côtés harmonieux de ton existence Ne trouve d'écho à ta voix assorti, Le monde où tu vis c'est : le silence
Car tes litanies pleureuses, souvent, Sont pareilles à la fleur cueillie : Des plaintes musicales, que le vent Répercute, éparpille et surmultiplie
Si mon âme avec la tienne sympathise Pour ses ombreuses lueurs immortaliser, Dans nos chairs l'infini ne s'éternise Que le temps d'un éphémère baiser.