À celles et ceux qui n'aimeront jamais plus Et dont le cœur, vierge de toute tendresse, Avec monotonie dévide sa détresse Quotidienne ! Vous les orphelins, les exclus
Ô vous qui laissez les heures longues se suivre Et se ressembler - sans que jamais le bonheur, Conjugal, ne pose sur vous quelque lueur ; Après tant d'élégies et trop d'ennui de vivre
Ô veuves et veufs d'abandon que la vie fait ! Vous qui m'êtes frères et sœurs de solitude, De moi vers vous, je sais : cette similitude Nous vient de n'avoir rêvé qu'à l'amour parfait !
Je suis, moi aussi, une âme qui n'est qu'en peine, Un grand oiseau égaré dans un ciel lointain ; Fidèle miroir, désormais nu et sans tain Des étoiles mourantes dont votre âme est pleine
Nos yeux abîmés pleurent les mêmes douleurs D'être - comme en convalescence - seuls au monde Et nous partageons, quand la bonne graine abonde : Nos larges moissons, de chardons plus que de fleurs.