Ce soir encore, les lumières s'éteignent avant l'heure Sur ce vieux décor en lambeaux : ma chambre morose ! Le crépuscule fait pleuvoir dans cette sinistre demeure : Des nuées disparates de poussière et de cendre rose
Hier, j'évoquais avec ferveur en tremblant de rage La seule perfection manquante à sa frêle beauté, Glaçon de tristesse - sans esprit, ni foi, ni courage Moins parfaite en amour que constante en cruauté
J'ai ruiné ma vie et dévasté mon âme à l'attendre Sûr que, de plaisirs stupides ne peut venir le remède ! Je jure de ne pas la revoir et ne plus jamais étendre Sa pauvre chair amoureuse. Il ne faut pas que je cède
C'est pour y chercher la paix, au fond de mon être Loin des âcres relents d'hiver, quand la nuit tombe vite Et ne plus entendre hurler ce vent qui secoue ma fenêtre Que j'ouvre en grand les portes de là où mon âme habite
Et, mon miroir usé reflète une inexpiable souffrance Oui, j'ai trop de peine ; ô mais j'ai bien plus d'amour ! Alors, que je meure de chagrin ou que je vive d'espérance Rien n'éteindra la Flamme - jusqu'à mon dernier jour !
C'est par habitude que, déversant sans fin mes larmes Assidûment, je pleure. Je souffre plus qu'il n'en faut Depuis qu'un œil étranger s'envoûte de ses charmes, Alors... Quitte à tomber, je préfère tomber de haut !