Ce soir, la Nature a vêtu sa nudité D'un lange de poudreuse blanche Et livre - ingénument - son intimité À l'oiseau qui frémit sur sa branche
C'est un soir où le froid qui déferle Avec lenteur, dans un reflux paisible, Prend en défaut le chemin gris-de-perle Et donne à l'Hiver un charme intraduisible
Le Soleil - assoupi - a pâli dans l'Espace Et je sens des plumes de cygne effleurer Mes lèvres de marbre, que le vent glace Et fleurit de givre. Mais pourquoi pleurer ?
Les sibylles, qui badinaient tout le jour S'égayent dans des étreintes puissantes, M'embrassent et ce soir, me parlent d'amour En prenant des poses languissantes
Sans doute, suis-je anxieux de les savoir Lire mes pensées comme dans un livre : Eh non, je ne veux pas en finir ce soir ! Cependant, je n'ai plus la force de vivre.