Sans savoir que l'Infini puisse se partager, J'ai saisi au vol l'essor de ma muse ravie Comme si : d'Aphrodite, le spectre léger Ouvrait grand l'Univers pour y créer la Vie
Une nuit entière ne me paraît qu'une heure Quand, déployant comme des ailes ses bras, Elle octroie au Temps : cette paix intérieure Que nous - simples mortels - n'avons pas !
Personne mieux qu'elle ne réussit à joindre En moi : la chaleur de la flamme entretenue Et le frisson bref de vibrer - à la moindre Note de musique cajoleuse non-retenue
Son teint de rose avive l'ascendant sentiment Qu'elle prolonge librement de l'âme aux yeux Et fixe, des yeux jusqu'à l'âme, indéfiniment, Sous le filigrane de ses longs cils soyeux
D'un geste fier, elle tend son fil de soie Et je ressens au plus profond de ma chair : Une extase pure, qu'un grand cri de joie Répand - comme un parfum - dans l'air
À l'image d'une fleur, à la fois forte et fragile Entr'ouvrant son calice - j'en savoure la sève Avant que, déliée de l'étreinte - féline et agile, Elle ne disparaisse, en souriant à mon rêve.