Voilà octobre et pas un soir qui ne grelotte ! C'est l'été qu'on regrette - été plein de douceurs Dont l'âme, comme l'âme d'un cher défunt, flotte Languissamment dans l'air - parmi tant de noirceurs
Dans le feu et la glace à la fois de l’aurore : Brasillent, çà et là, les rayons blancs et roux, Ô petits flambeaux tremblants mais tièdes encore, D'un automnal soleil au charme triste et doux
Quel tableau, qu’en la forêt plus fauve et moins verte : Un grand chêne abattu que la sève a quitté, Vide de vie autant que bâtisse déserte ! Plus rien n’habite ce vieux tronc décapité
La nature, déjà, d’un silence tranquille À des silences lourds, semble nous programmer ; Nous faut-il endurer les chagrins que la ville Inflige toujours aux cœurs prompts à s’enflammer !
La pluie monotone, à nos fenêtres s'invite ; Octobre se venge de l'été demeuré Trop clair, trop longtemps ! Dehors, la nuit tombée vite, Par-devers nous, a fait choir tout un ciel pleuré.