J'oublie tout - même le fil à ma patte, Quand, assailli d'étrangetés, j'embrasse Ce bout-de-femme métamorphosé en chatte Voluptueuse et fière, qui se prélasse
Avec ses cheveux dont la maille chaude En filigrane forme un blond labyrinthe, Léa, dès le matin visitée par l'absinthe Me tisse un rêve fait d'or et d'émeraude
Et je crois ce rêve sciemment artificiel Que, par une nuit emparadisée et féline, Ses yeux prennent les clartés du ciel Et qu'y survive un peu d'extase divine
Car elle laisse à l'âme, impertinemment : L'image ambiguë de l'indolente maîtresse Source de peines et puits de tendresse, Qu'on craint mais qu'on aime étonnamment
Ô surtout, j'aime le feu dont elle se joue Quand : la paume légèrement arrondie De sa main caressante effleure ma joue, La réchauffe et fatalement, l'incendie
J'oublie tout, oui - sauf l'éclat du jour Quand Léa, couverte d'ors et de fleurs, Ambre nos ombres d'exquises couleurs Tout imprégnées des parfums de l'amour.