J'ai voulu évoquer ma part d'ombre, Ces petits recoins ténébreux de mon âme Où - sournoisement - s'activent en nombre : Des anges cruels, venus d'un monde infâme Répandre sur ma vie chaque jour plus sombre, Non pas les graines d'amour mais, le drame
Tel un cancre - le Bonheur malhabile, D'une main tremblante, a fait des ratures Sur moi - laissant l'empreinte indélébile Des jours nonchalants où mes désinvoltures Paressaient d'un long sommeil immobile, Réveillant en sursaut mes désirs d'aventures
Longtemps alors, j'ai cherché la lumière Tout au fond d'un gouffre cafardeux, Ouvert l'abîme comme on ouvre une barrière Puis, croyant par des voyages hasardeux Offrir à mon ombre une clarté hospitalière, J'ai créé un langage compris de nous-deux
Le sentier désert sur lequel je chemine M'a égaré parfois, mais j'ai trouvé un abri Et, même si toujours la nuit prédomine, J'ai posé mon cœur sur le balcon fleuri Du ciel - qu'un souffle chantant illumine, Enfin ! Un ange joueur de lyre m'a souri.