Petite, sa manie était de se cacher Dans les arbres feuillus pour surprendre son père, Ou bien derrière un tronc ou derrière un rocher, Pour ensuite bondir dans la verte bruyère.
Elle attendait toujours ces belles promenades Le long du chemin creux ou du sentier battu. Aujourd'hui son plaisir, c'est d'être à l'esplanade ; Le trajet jusqu'au col est beaucoup trop pentu.
II
A treize ans la fillette aimait téléphoner Pendant au moins une heure à sa grande copine ; Les garçons, la musique et surtout dessiner, Et puis de temps en temps, partir chez sa cousine
Qui vivait dans l'immeuble en face de l'église. Ensemble elles allaient souvent au cinéma ; Ce matin, à la vitre elle écoutait la bise En tirant sur les fils de son vieux pyjama.
III
A dix-huit ans le bac et le fameux permis ! " Liberté " disait-elle en éclatant de rire ! Désir, amour, espoir, caractère insoumis ; Elle arpentait la rue en quête d'un sourire.
Puis l'été, son maillot faisait plus d'un ravage ; Les garçons regardaient discrètement ses seins. Aujourd'hui le bonheur est un vague mirage Dont elle n'a gardé que de vagues dessins.
IV
A vingt ans son zénith touchait le ciel séduit Par mille sentiments qu'exprimait sa jeunesse. Chaque samedi soir à la boîte de nuit, Mêlant sa bonne humeur avec son allégresse,
Elle prenait repos de sa vie effrénée ; Elle emmenait souvent danser sa jeune sœur. Aujourd'hui la cadette accompagne l'aînée Acheter pour midi son antidépresseur.
V
Elle n'a pas de haine envers qui que ce soit Mais elle ne sait plus s'il faut aimer la vie ; S'il faut aimer les gens qu'en ville elle aperçoit Marcher d'un pas pressé que parfois elle envie.
Tout à l'heure elle ira manger chez sa copine. En passant elle a vu dans l'arbre un écureuil. Soudain un petit choc ; c'est juste une racine Sur laquelle a buté le poids de son fauteuil.