La rage d'être et d'exister, Rage de respirer sans vivre, Les poumons noyés sous le givre Prêts à se laisser emporter !
Rage d'ailleurs pour disparaître Parce que vivre ne vit pas ! Peut-être qu'on voit mal d'en bas Ce que l'on devrait reconnaître ?
Ah rage ! Cœur écorché vif A jamais gravé par les larmes, Tous ces éclairs, tous ces vacarmes Et ce désespoir explosif,
Etait-ce un feu terrible et tendre Alimenté par le désir De décider et de choisir S'il fallait brûler ou comprendre ?
Comprendre quoi ? Comprendre quand ? Que fallait-il comprendre encore ? Cette douleur qui nous dévore Et l'amour traître et suffocant ?
Cet horizon qui sur l'image Disait plus qu'un simple matin, C'est là que l'ombre du destin Pouvait s'affranchir de l'orage !
*
O terre en pays calaisien, Terre adorable de la France, Nous n'oublierons pas ta souffrance Et nous n'oublierons pas combien L'émotion s'est emparée, Par cette nuit d'hiver si dur, De ta bonté, de ton azur, De ton ciel et de ta marée !
Terre adorable où le soleil Brille dans les yeux et dans l'âme, Celle de l'homme et de la femme ; O terre, berce le sommeil De cette vie, aube si brève, Qui n'a plus voulu voir le jour ! Berce-la de tout ton amour, Terre, afin que son esprit rêve !
Et toi, vaste mer qui répands Dans l'infini de tes passages Autant de vagues que d'hommages Vers nos cœurs doux et confidents ; Berce notre sœur éperdue, Garde en mémoire sa douceur, Berce-la, berce cette sœur Que tu ne nous as pas rendue !