Et lentement glisse la barque Sur les eaux sombres des abysses, Quand à son bord pleins de vigueur Gouvernent en maître les malheurs Ils chantent en chœur, évoquent leurs peines.
Les hommes s'y parlent sans savoir, De peur, de haine : vagues histoires. Leur cœur est vaste et ils s'y perdent Et dans le noir savourent leurs fins, Tandis qu'elle glisse vers le lointain.
Et en chantant ils continuent Dans le fracas du désespoir, Dans les creux sombres des vallées Sonne le cors des combattants, Les bougies fondent lentement.
Planant si haut qu'on ne les voit Espoirs brisés laissant sans voix Sont-ils tous morts ou disparus Peu nombreux savent qu'ils sont partis Aucun d'entre eux n'est arrivé.
Ô grand Erèbe libère-les, Eux qui révèrent de beaux rivages Eux qui frémirent, idées de paix, Il n'ont pas su ou bien trop tard Que vous teniez leurs destinées.
Les hommes y meurent sans même savoir, D'espoir de force ils sont quittés Misères du monde magnificence, Leurs cœurs vacillent et ils en pleurent, Leurs vies s'achèvent dans le néant.
Et lentement la barque glisse Sur le Styx sombre des malheurs Charon s'affaire sur ces eaux froides, Allant ainsi et dans le noir, Et quant aux morts, ils se sont tus.
Planant si haut qu'on ne les voit Espoirs brisés laissant sans voix Sont-ils tous morts ou disparus Peu nombreux savent qu'ils sont partis, Aucun d'entre eux n'est arrivé.
La solitude s'en empare Ils vont ils viennent au raz des flots Et à la brume confondus, L'âme dit : vagues, vous m'eûtes Ce vague à l'âme et puis perdus.
La voix des morts qui se sont tus Résonne faible au gré des vents Ces tendres chants soudains s'emmêlent Et jusqu'aux terres des deux côtés L'écho se mêle aux sifflements.