La rue sans couleurs, paisible, trempée d'odeurs, Aime se délecter des hommes et des labeurs ; Le poids de trop de larmes pèse dans l'obscurité, Ces eaux sales que les Hommes ne peuvent sanctifier.
Le chat frèle et mutin ronronne son insomnie, Doux rêveur sous le jour, inquisiteur de nuit, De ses pattes il caresse à chaque pas le trottoir, Pour se fondre soudain dans le souffle du soir.
Les ombres sur le pavé dans une farandole, Dansent avec le vent qui chante au nom d'Eole ; Les niches aux yeux fermés s'endorment sans luxure, Sous leurs portes sévères ne s'échappe un murmure.
Le ciel bas tout en deuil porte son manteau noir, Il verse son désespoir sur ceux qui ne peuvent croire, Ses bras tâchés d'éclaires grondent au loin le courrou ; Des Hommes plein de misère qui nagent dans la boue.
Un vieux mendiant s'éprend d'une triste couverture ; Ses membres de fil blanc s'emmêlent comme une sculpture Gravée dans l'air du temps, sans jamais s'eveiller...