Paroles, paroles
Ce n’est pas une parole, mais des paroles,
Que l’on chuchote, que l’on sirote,
Que l'on dit en un souffle, plusieurs souffles,
En mots écrits, inspirés, aspirés
Des mots expirés du fond des tripes !
Paroles légères, paroles sévères, paroles en l’air,
Paroles de l’air du temps, du temps qui coule
En goutte à goutte, par injection intra-veinarde
Comme une chance aux chansons
Chansons douces que me chantait ma maman....
C’est un ami, qui me l’a dit:
Prends ces paroles, et lis-les
Dans ton lit, là, aux draps lilas.
Lis les, lis là, ici, maintenant, demain
Avec ton cœur, dis le à ta sœur
Qu’elle n’ait pas peur.
Pas peur de dire les mots pour rire,
Les mots sans rire, qui font pleurer
Qui font grincer, grincer des dents,
Grincer la vieille porte en bois termité, aux gonds rouillés
De rouille rouge, rouge safrané, comme le riz au curry.
On le mange épicé, en buvant les paroles,
Paroles d’Evangile, paroles fragiles.
Encore des mots, toujours des mots, les même mots
Encore et toujours,
Des mots d’amour, moda l’italienne
Mots qui viennent
Et se bousculent pour prendre la parole
Prendre un rôle, jouer le drôle.
Drôle de paroles qui s’enchaînent, qui se déchaînent
Qui houspillent, qui déshabillent
Les paroliers, les chansonniers
Dans les cafés du coin de la rue,
Pour être lues et reconnues.
Si elles avaient su,
Toutes ces sangsues
Qu’on les a vu
Piquer des vers sans rimes,
Oubliant les quatrains,
Préférant les alexandrins!
Donnons leur un miroir sans tain,
Pour que le teint de leurs mots
Reprennent la couleur piquante des paroles de la rose.
Des paroles toutes roses
D'un enfant, d'une petite chose
Innocente et pure
Qui ne sait pas encore saisir les mots
Les petits, les gros
Des grands, des adultes, des vieux
Les paroles de leur vie...