Je m'ennuie.J'ai envie De quitter cette vitrine Pour ne pas être à jamais Dans ce musée, Un objet sans vie. Moi la plume inconnue J'ai écrit tellement de pages ! Plume ayant appartenu A ce grand homme, ce personnage. Rêves et chimères qui ont grandi avec lui Les a-t-il un jour trouvés en la "Douce Italie" Elle a inspiré sans doute Le plus beau de ses romans Mais aussi mis sur sa route Un amour bien trop brûlant. Comme au jeu de hasard Les couleurs de l'amour changent, Tantôt le rouge ou le noir.
Je m'ennuie dans cette cage Tous les gens me dévisagent. J'attends patiemment qu'un nouvel ami Subrepticement m'emporte d'ici. Une main pour me conduire, Un peu d'encre pour écrire. Je retracerai, pour qui me délivre, Ce q'il n'a jamais confié dans ses livres. Certains soirs de grande peine, De rancoeur, parfois de haine; Des mots trop violents que le coeur s'écrie Lorsque la rancoeur bouscule l'esprit.
" Mathilda, Mathilda ", toi qui l'as toujours éconduit, Ton prénom que de fois l'ai-je écrit...
Moi, la plume en argent sur un socle de feutrine Je n'ai plus d'âme sans lui
Je m'ennuie dans cette cage Qui donc aura ce courage Subrepticement m'emporter d'ici Me donner sa main pour une autre vie. Ce n'est bien sûr quand j'y pense Rien qu'une folle espérance Car il est certain que ma liberté Coûterait la sienne à qui oserait.
On veillera sur moi pour des siècles encore. Puisque je vais rester, figée dans ce décor. Rappelez-vous longtemps que cette plume est celle Ayant appartenu à Mr Henri Beyle