Un p’tit bout d’chou assis sur un coin d'mon piano, Des cheveux longs bouclés, Un regard malicieux. Se dandinant un peu En m’écoutant jouer Et taper dans ses mains en s'écriant “bravo”.
Et puis la voir grandir, Bien m’inquiéter pour elle. Espérer, sans le dire, Qu’elle devienne très belle. Lui apprendre la vie, Ses ombres et ses soleils, Ne pas trop croire aussi Au pays des merveilles
Voilà le film que j’me tournais Au temps où l’on construit sa vie. Au temps des cent mille projets Que l’on fait quand on se marie. Mais, le destin est sentencieux.. Il ne fut pas de cet avis. Ne me compta pas parmi ceux Dont un enfant remplit la vie.
Ma main n’a jamais caressé Un front fiévreux en pleine nuit, Ou bien calmé un coeur serré Quand l’orage fait trop de bruit. Connaître ce jour merveilleux Où l’enfant ose un premier pas, Sentir monter des larmes aux yeux En entendant un jour « Pa-pa »
Alors j’ai camouflé Dans le fond d’mon égo, La petite fille bouclée Assise sur mon piano. Croyant vaincre l’affront Mépriser la censure Je pensais faire front Et panser ma blessure.
Et j’ai joué mon temps Volant de coeur en coeur Sans trouver pour autant L’illusion d’un bonheur. Et puis les printemps ont passé, Les étés se sont succédés. Et l'avant dernière saison Vient donner tort à mes raisons
Une petite fille assise sur un coin d'mon piano Reste à jamais blottie dans le fond d'mon ego.