Le livre tombé sur les genoux, la canne posée Sur ses maigres jambes étendues et croisées, Les boucles d'argent de ses souliers luisant Aux lueurs du feu assis, sur ses cendres pesant, L’être invu reposait dans ses coussins de vent Et ces rêves où chantent le ressac, le ris et l’autan. Parfois derrière sa tête émaciée, s’agite l’oreiller De percale jaunie dont le dessin jadis brodé De mains amoureuses s’effiloche avec le temps Et ses passages encor interrompus et inconsistants. Il se rappelle de ses assauts il y a si longtemps Lorsque la mer obligeait aux voyages inconstants Au bout de son règne sans partage sous le noroît Et seul la séduisait le rare marin toujours adroit A monter la lame que la houle servile soudain lève Ces gris matins d’hiver gelé, si loin de la grève. Le livre tombé sur les genoux, la canne posée De travers entre l’appui et la jambe obligée, Ses souliers luisant aux lueurs du feu assis, Le vieux revenant s’appuie aux creux rassis Des paillots qui crissent d’être reformés par l’air Caressant la percaline portant des traces de vair. Il noue des dialogues lents avec les bouffées Et les bourrasques de ces grains en bouffées Seuls ont vibré les entoiles et les haubannages A travers les tillacs ont galopé les accastillages Lui seul et Éole depuis Brest jusqu’à la Havane Portent de ces secrets qui sautillent leur Pavane.