Avec mes taches sur les mains, Je compte les pas qui m’entraînent Dans la vieillesse. Ce sont les grains Semés au courant de cette vie pleine Qui perdent enfin leur beige tégument. Je regarde poindre avec tendresse Les souvenirs qui s’attachent, Tels des radeaux efflanqués Mouillant leur ancre en tresse À l’entour de chacune de ces taches. Ces taches démentent assez : Mon âge est encore dérisoire, La vie ne m’a pas épargné Pourtant à la coulée du soir, Je ne la changerais (presque) pas Ni son siècle où elle mit les pas. Je sens pourtant le souffle De la descente en escouffle. Mais le battellement cruel Est encore si loin de la sel.
Les taches sur mes mains Sont les traces des pas des jours Qui s’avancent avec les tiens Quand tu t’approches amours Sur mon chemin et les miens Emprunteront tes demains Le temps, le voulons-nous M’entraîne vers toi, le voulez-vous ? Il aime à nous faire perdre La tête, ainsi qu’au cèdre.