A l'heure où, en vain, Un peuple de malades Mendie son sommeil, Amalgame de chair et d'âmes Affligées d'effroyables nécroses, Surgit comme un vaisseau fantôme, Vomissure infernale d'une agonie, Le train corbillard de la nuit.
Et sourdement du haut de la cité lunaire Dans un silence de tombeau, Les survivants dressés sur leur séant L'écoutent geindre au loin sur son rail, Evacuant vers une obscure vallée Son humaine et sinistre cargaison. A la remorque du destin, le funèbre convoi Glisse lugubrement sous les étoiles.
Et la cité prostrée regarde suinter des ses entrailles Le monotone et lourd ruissellement de morts. Alors moi, seul, mais encore debout, Je déchire le drap de l'épouvante Et, l'esprit lucide, ainsi qu'un gerfaut noir Je m'élève lentement vers les lueurs de la nuit.