Sur les jardins de l'aube où chantent les oiseaux, Sur la lumière des regards qui éclaire les yeux Sur les enfants, les fleurs, sur la beauté des femmes, Sur le front des vieillards, etla bouche des amants, Sur l'herbe du plaisir et les fruits de la chair, Sur les riches moissons de la pensée, Sur tous les blés chauds du monde; là-bas, Comme une meule immense au fond du temps, J'entends tourner la Mort qui mange les humains Puis vomit lentement sa sanglante mouture.
Sans fin, dans les brumes et les ténèbres Et l'engourdissement des nordiques saisons, La Mort toujours implacables s'appesantit Sur des pays de glace, de neige et de silence. Mais par delà le bruit de la meule qui tourne Et broie le grain, là-bas, dans les greniers d'hiver, Au fond des nuits s'éveille une rumeur étrange, Un imperceptible tressaillement de vie, Et j'entends déjà au loin, sous la terre, Se former le froment des récoltes futures.