Ce matin là, à la fraicheur de l’aube J’ai décidé que je n’étais plus poète Que je n’en avais ni la couleur ni la robe Et qu’il ne fallait plus que je m’entête
Que les mots se sont figés Que la musique s’est tue Que le rythme s’est rompu Quand les vers sont tirés Il faut les boire Jusqu’à la lie Jusqu’hallali En exutoire
Je suis resté coi, abasourdi Un rien sonné, un peu groggy Réalisant enfin Mon véritable destin
Plus de mots à figer Plus de musique à taire Plus de rythme à faire Quand les vers sont tirés Il faut les boire Jusqu’à la lie Jusqu’hallali À l’écumoire
J’ai mangé ma plume et bu à l’encrier Je n’ai pas fait fortune au clair du soir Tous les chats sont gris même le noir J’ai perdu ma voix à tant m’écrier :
Je veux des mots à figer Et de la musique à braire Des rythmes pour me plaire Quand les vers sont tirés Il faut les boire Jusqu’à la lie Jusqu’hallali À la passoire