A toi Aux déesses violées par l'innocence de nos rêves fougueux A nos amours trahies, aux âmes qui nous craignent A ce baiser jamais donné, jamais reçu A nos sagesses et à nos larmes, à jamais
A toi A nos silences, à nos langueurs éteintes Aux mots que tu écris dans la pénombre, seule A ces blessures insolentes qui nous rongent l'hiver Au bruit que font tes pas quand le bois grince dans la nuit
A toi A ces prairies qui dorment sous le froid A ces chevaux qui toussent à gémir A ton sourire inachevé, à tes mains qui se tendent Au crissement de tes doigts sur les carreaux opaques
A toi A tes prières que Dieu écoute, le matin Aux songes que tu fais le soir, à tes désirs, à ta mémoire Aux images un peu floues, à mes alcools, à tes serments A tes robes d'un jour, à tes genoux pliés sur mes remords
A toi A mes prisons et à mes fièvres, à tes valeurs A ces chevaux de lune qui reviendront le soir Pour soulever le voile, ouvrir en un grand frisson Les portes qui scintillent dans la nuit, d'où surgiront peu Des amants inconnus, des chevaliers fébriles
A toi A ce destin qui nous emmènera vieillir Seuls, abandonnés Au Dieu que je prie pour ne jamais haïr Ni mon cœur ni l'espoir, ni mes rides aucune
A toi A tes paupières qui se referment sous le ciel A tes silences où tu regardes encor les masques animés Les lustres qui trônaient sur les rires et le frémissement d A toi, à ton cœur comme une citadelle Que je passerai prendre A demain...