Blanche, le bel émail en ta bouche Qui s’ouvre en souriant à l’aurore de nos nuits : Tandis que l’ombre est pâle et la lune se couche La lumière y s’éveille et le soleil reluit
Blanche, ta gorge écrin de chair Où l’Orfèvre du monde a déposé ton cœur : Je penche mon visage aux portes du sanctuaire Et n’entends que le pas d’invisibles pudeurs
Blanche, ta main, ouverte, abandonnée Aux muses qui m’inspirent un poème indiscret : Qu’un chaste frisson alerte, en l’attente animée Des mots que je vais dire à tes plus doux attraits
Noire, l’épi de tes sourcils Etendus sur le champ radieux de mes songes : Qui bordent le sommet d’un lac où je me plonge A l’appel enchanté des nymphettes graciles
Noire, tes yeux qui m’engloutissent Et m’entraînent soudain aux cavernes profondes : Sous des voûtes secrètes, nos yeux se répondent Qui font briller ainsi tes coupoles d’iris
Noire, le frou-frou délicieux de ta perfection Où mon regard s’enroule aux bouclettes de soie Qui mènent prisonniers mes plus tendres émois Vers l’éminence ombreuse et ma dilection
Rouge, tes joues empourprées des folles confidences Où nos amours parées d’orgueilleuse élégance Invitent ma passion à dévoiler tes ors Quand la sage raison me retiendrait encor
Rouge, tes lèvres gonflées de chaleur et d’un sang Qui bouillonne et les ouvre au trouble sentiment : Et les miennes les couvrent, et je m’y désaltère Et je goûte exaucé tes salives amères
Rouge, ton mamelon comme un fruit mûr d’été Où s’endorment repus nos enfants allaités : Mais en d’autres saisons nos amours y reviennent A l’appel éperdu des ardeurs souveraines